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Les nuages foncent, les oiseaux volent bas, et sur la route, une rencontre magique. Tandis que je roule à bonne vitesse, un hibou descend sur moi, là sur la gauche, au-dessus de mon épaule, et reste à bâbord, s’adapte à ma course, m’accompagne sur un bout de chemin.

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Je le regarde, qui file avec moi, à quatre-vingts à l’heure. J’ai le temps d’observer sa tête de hibou, son plumage gris flambé. Et lui, il tourne la tête, vraiment, il me regarde aussi, le hibou!

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Et je vole, je vole avec lui, au-dessus de la Dempster Highway. Pour la première fois de ma vie, je vole, je vole avec un hibou, le temps d’un instant de féerie.

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Puis l’oiseau s’en va comme il est venu. 

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C’était mon casque, qui l’intéressait? Le damier noir et blanc, qu’il prenait pour une proie? Ou juste la curiosité, l’envie de jouer, de battre des ailes avec cette bête à roues, pour le seul plaisir du vol?

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Je ne sais pas, mais je sais que j’étais animal, mammifère volant, le temps d’une passade. Côte à côte avec un hibou des marais.

 

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Dans les vents et les pluies, nous galopons comme des cowboys. Nous avons revêtu nos peaux hydrofuges pour braver l’orage.

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Les bourrasques nous éperonnent, nous déportent. Il faut compenser, en poussant fort sur le guidon, du côté d’où vient le vent.

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C’est fou, comme cela se mêle bien, la fumée et le brouillard. Sur les plateaux, nous traversons, au pas de marche, le smog très dense des forêts.

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À l’approche du parc de Tombstone, des trouées de soleil illuminent les montagnes au loin. 

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Et je galope

vers le beau temps

joyeux comme un cheval.

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Dans mon casque

tout fou je crie

yee-haa!

yippee yippee yippee!

yee-haa!

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