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Après un moment d’échange silencieux, paroles de bêtes soufflées des narines, tu parles à la bête, exactement comme ta mère thaïe parle aux fantômes pour leur dire, affectueuse, de quitter sa demeure.
Tu dis, afin qu’il ne te mange pas :
– Go away, bear.
Pourquoi en anglais ? Ce n’est pas la langue que la bête comprend, mais le ton, la mise en respect.
Et tu répètes, fermement, mais tendrement :
– Go away, bear.
Il m’a entendu, l’ours. Il est redescendu sur ses quatre pattes, a replongé dans la broussaille. Les herbes hautes ont frémi, puis plus rien.
Ni agression, ni domination, nous nous étions parlés. Nous nous étions respectés. Je l’avais reconnu homme, et il m’avait reconnu ours.
J’avais trouvé l’ours-homme.
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